Dix ans après la première proposition, le contrôle technique moto débarque enfin dans le quotidien des motards français. Un vieux serpent de mer devenu réalité, modifiant en profondeur les habitudes d’entretien et les démarches administratives pour tous les deux-roues motorisés.
Un deux-roues mis en circulation avant 2017 échappe encore au passage systématique au contrôle technique, sauf en cas de vente. Pourtant, certains modèles récents sont déjà concernés, alors que d’autres catégories restent exemptées, comme les motos de collection ou certains véhicules professionnels.
L’obligation varie selon la date d’immatriculation, le type de moto et l’usage déclaré sur la carte grise. Certaines démarches doivent être anticipées pour éviter sanctions ou mauvaises surprises lors d’une transaction. Les règles évoluent régulièrement, rendant le suivi parfois complexe.
Le contrôle technique moto : ce qui change pour les motards
Depuis le 15 avril 2024, la France impose le contrôle technique aux deux-roues motorisés. Cette mesure, attendue depuis longtemps, s’aligne sur la directive européenne 2014/45/UE et le décret n°2023-974 du 23 octobre 2023. L’objectif est limpide : améliorer la sécurité sur les routes, limiter les émissions et rapprocher la réglementation française de celles de nos voisins. Plus aucune catégorie n’est épargnée : motos, cyclomoteurs, quads ou scooters électriques, tous les véhicules de catégorie L passent désormais sous l’œil des contrôleurs agréés.
Le rendez-vous se prend dans un centre de contrôle technique certifié pour la catégorie L, avec un tarif qui varie de 50 à 80 euros selon les adresses. L’Organisme Technique Central (OTC) publie la liste officielle, chaque centre devant détenir un agrément spécifique. Le calendrier est clair : cinq ans après la première immatriculation, puis un contrôle tous les trois ans. Les motos de collection profitent d’un délai de cinq ans entre deux passages. Pour vendre un véhicule de plus de cinq ans, un contrôle de moins de six mois est impératif ; impossible de finaliser la transaction sans ce justificatif.
Ce dispositif bouleverse les habitudes. Jusqu’ici, les motards géraient l’entretien à leur rythme. Désormais, ce contrôle s’ajoute aux révisions régulières, à placer au même niveau que le passage aux mines ou le changement de pneus. La donne change, et chacun va devoir l’intégrer dans le calendrier d’entretien.
Qui doit passer le contrôle technique et à quelles dates s’y préparer ?
Le nouveau cadre réglementaire ne laisse plus de place à l’ambiguïté : tous les véhicules de catégorie L sont concernés. Cela englobe motos, scooters, quads, voiturettes, cyclomoteurs et tricycles à moteur. Les modèles électriques suivent le même chemin. Pour s’y retrouver, la catégorie précisée sur la carte grise fait foi.
Le rythme dépend de la date de première mise en circulation : un deux-roues neuf attend cinq ans avant le premier passage, puis tous les trois ans ensuite. Les véhicules de collection, eux, bénéficient d’un intervalle étendu à cinq ans. Une vigilance s’impose pour la vente de moto ou scooter de plus de cinq ans : sans contrôle technique de moins de six mois, la transaction reste bloquée. Seuls les centres agréés référencés par l’organisme technique central délivrent le rapport officiel.
Avant chaque échéance, il convient de rassembler les documents nécessaires : carte grise indiquant la catégorie L, date de première mise en circulation, statut du véhicule (vente, collection, etc.). Ces éléments guideront le propriétaire vers la date du prochain contrôle technique obligatoire.
Les cas particuliers : motos de collection, scooters, 125… à connaître
Certains profils échappent à la règle générale, mais la subtilité administrative reste de mise. Pour les motos de collection portant la mention “collection” sur leur carte grise, le contrôle se limite à un passage tous les cinq ans. Cependant, les modèles antérieurs à 1960 et estampillés “collection” continuent de circuler sans contrainte de contrôle technique : la réglementation ne leur impose aucune vérification.
Dans d’autres cas, la loi distingue selon l’usage. Les motos de compétition, enduros, trials ou autres modèles réservés aux circuits, s’affranchissent du contrôle technique à condition de présenter une licence FFM valide. L’esprit du texte est clair : ne pas imposer aux machines vouées à la compétition des obligations qui concernent la circulation sur route ouverte.
Voici quelques points à retenir pour les familles de deux-roues fréquemment concernées :
- Scooters, cyclomoteurs et 125 : la législation française englobe tous les véhicules de catégorie L, y compris les cyclomoteurs de moins de 50 cm³ et les 125 cm³. Pas d’exception pour les scooters électriques : ils doivent aussi passer le contrôle.
- En cas d’incertitude, vérifiez la carte grise : la catégorie L (L1e à L7e) y figure. L’âge du véhicule et la mention “collection” déterminent la périodicité ou la dispense potentielle.
Chaque situation fait l’objet d’une analyse précise, dictée par l’usage et le statut du véhicule. Les professionnels du contrôle technique connaissent ces nuances et adaptent leurs vérifications au cas présenté.
Quels sont les points vérifiés lors du contrôle technique moto ?
Lors du contrôle technique, rien n’est laissé au hasard. Les centres agréés examinent chaque moto ou scooter selon une procédure stricte, couvrant huit grandes familles de points. L’objectif : s’assurer que chaque machine roule en toute sécurité et respecte au mieux les normes environnementales.
- Identification : numéro de série, plaque d’immatriculation, conformité des documents. La moindre incohérence administrative bloque la validation.
- Freinage : performance, répartition et niveau d’usure. Un frein défaillant impose une contre-visite, voire l’immobilisation immédiate si le danger est avéré.
- Direction et suspension : contrôle du jeu dans la colonne, état des fourches, amortisseurs et roulements. La stabilité du véhicule est passée au crible.
- Éclairage et signalisation : feux, clignotants, avertisseur sonore. Une ampoule grillée ou un clignotant hors service suffit à rendre le contrôle négatif.
- Pneumatiques et roues : état d’usure, pression correcte, absence de déchirure ou de déformation. Un pneu usé ou une jante endommagée sont rédhibitoires.
- Châssis et cadre : recherche de fissures, indices de choc ou de corrosion menaçant la structure.
- Pollution : mesures des émissions polluantes, selon la norme Euro applicable. Les motos trop polluantes devront être réparées avant de repasser.
- Niveau sonore : à partir de mars 2025, le sonomètre s’invite au contrôle. Un échappement trop bruyant, et c’est l’échec assuré.
Chaque défaut identifié est classé selon sa gravité : mineur, majeur (contre-visite obligatoire sous deux mois), ou critique (immobilisation immédiate). Le rapport du centre détaille les corrections à effectuer, sans compromis sur la sécurité. Un défaut majeur ou critique ne laisse aucune place à l’improvisation : il faut régler le problème et revenir.
Ce nouveau contrôle technique ne laisse plus de place à l’improvisation. Les motos et scooters devront rouler droit, propres et silencieux, ou resteront sur la touche. Le paysage du deux-roues français s’en trouvera transformé, pour de bon.


